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No milk and no cereals in my English breakfast? Les conséquences du Brexit

Après les harassantes négociations du 19 février 2016 pour offrir des concessions à une Grande Bretagne prête à quitter l’Union Européenne, et les déclarations tonitruantes du Maire de Londres en faveur du Brexit, les agriculteurs britanniques s’interrogent sur leur avenir.
Si le référendum qui devrait être organisé d’ici avril 2017 répond positivement à la question du Brexit, il est probable que les règles et les financements de la PAC ne s’appliqueront plus à eux à partir du 1er janvier 2021, date de démarrage du nouveau cadre financier pluriannuel de l’UE. Les agriculteurs britanniques vont donc vivre durant plus de trois années dans l’incertitude sur la politique commerciale et agricole que le gouvernement britannique pourrait mettre en place en substitution au système européen actuel. Quel sort pourrait leur être réservé et quelle agriculture pourrait sortir gagnante des négociations ?

 

C’est à ces questions qu’Allan Buckwell, économiste agricole anglais de renom, a cherché à répondre dans un exercice de prospective intitulé « Agricultural implications of Brexit ». Aujourd’hui, les agriculteurs britanniques reçoivent environ 2,5 milliards d’euros d’aides directes et 60% de leurs exportations se font vers l’UE. Une sortie de l’UE, sans aucune compensation de leurs gouvernements, signifierait à la fois une baisse significative des prix agricoles et une perte des aides qui se traduirait par un effondrement des revenus, de -30% pour les producteurs de lait en moyenne à -120% pour le secteur de l’élevage extensif.

Mais bien sûr, ce scénario est très improbable. D’abord parce que sur le moyen terme, les prix s’ajusteraient : sans les subventions, les investissements et les achats d’intrants baisseront ce qui se traduira à moyen terme par une diminution du coût du foncier agricole et des intrants. Ensuite parce qu’il est quasiment certain qu’une politique agricole britannique remplacera la PAC. Les partisans du Brexit défendent l’idée qu’elle coûtera moins cher (aujourd’hui les règles de solidarité financière à l’échelle de l’UE font que le Royaume Uni est un contributeur net au budget européen) et qu’elle n’aura pas à subir les « lourdeurs et les inefficiences des réglementations inutiles » qu’ils dénoncent depuis longtemps.

Reste à savoir quelle orientation elle prendra : cherchera-t-elle à favoriser l’agrandissement des exploitations et à promouvoir les gains de productivité des exploitations pour plus de compétitivité sur un marché libéralisé ? Ou maintiendra-t-elle aussi l’appui aux exploitations multifonctionnelles, qui maintiennent la campagne verdoyante et accueillante et préservent la nature, chère à la middle-class britannique ? Par ailleurs, comment réussira-t-elle à faire la synthèse entre les aspirations des Ecossais, des Irlandais du Nord, des Gallois et des Anglais qui ne partagent pas la même vision de leur avenir dans l’UE et hors de l’UE ?
L’autre incertitude concerne la sortie du marché commun européen. L’assouplissement des règles sur les importations en provenance des pays non européens fera certes baisser les prix au consommateur mais les exportations britanniques vers l’Europe seront, elles, rendues plus difficiles. Sur ce point, le rapport d’Allan Buckwell est peu optimiste. Il prédit que l’augmentation des coûts de transaction liés aux échanges avec l’UE sera supérieure aux économies budgétaires du Brexit. Rien que sur le secteur agricole et agro-alimentaire, le Brexit pourrait coûter de 0,2 à 0,7% du produit national brut.
Et quid du reste de l’Europe ? quel avenir pour les agriculteurs européens sans les Britanniques ? Ils risqueraient de perdre au profit d’autres exportateurs une partie du marché britannique, et bien sûr il faudrait que le budget européen absorbe la perte de la contribution du Royaume uni, ce qui pourrait faire baisser davantage encore le montant des aides agricoles après 2021.
Ce rapport en précède beaucoup d’autres qui vont contribuer à éclairer le débat intense qui se prépare au Royaume Uni. Financé par le « Worshipful Company of Farmers », une association de promotion de l‘agriculture, il révèle cependant bien l’inquiétude croissante qui se manifeste dans le milieu agricole et rural Outre-Manche.

 

Pour en savoir plus :

– Voir les excellents posts d’Alan Matthews sur capreform.eu
Comment: Major players in ‘Brexit’ drama divided on CAP (Agra-net)

 

Thoyer Sophie

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