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Salon de l’agriculture sur fond de crise

Le Salon de l’agriculture s’est ouvert ce samedi 27 février, et c’est l’occasion de faire découvrir au grand public, l’agriculture française et le métier d’agriculteur (extrait journal de France 2 présentant les grands chiffres de l’agriculture française). Cette année, le Salon a lieu alors que les exploitants subissent une importante crise agricole et multiplient les actions et manifestations. Ce matin, l’accueil réservé à François Hollande pour l’ouverture a d’ailleurs été plus que glacial.

Les propositions du gouvernement de baisser les charges sociales (7 points des cotisations sociales) et de mettre en place une année blanche sociale pour les exploitants les plus en difficulté avaient pourtant été plutôt bien accueillies par la profession agricole (Orama
ou encore la FNSEA) qui n’avait pour autant pas cessé leurs actions.

Des propositions françaises pour sortir de la crise ont été faites à Bruxelles. Pour rééquilibrer l’offre avec la demande en produits agricoles et plus spécifiquement pour le lait et le porc, la France propose des mesures qui visent à limiter la production et avec elle la chute des prix à laquelle les agriculteurs ne peuvent pas faire face. Il s’agit de mesures de stockage, mais aussi d’un mécanisme de soutien aux producteurs ayant volontairement réduit leur production en période de baisse des prix pour le lait ; et dans le cas du porc, une mesure pour la diminution du nombre d’animaux pourrait être proposée. La France demande également, le relèvement temporaire du prix d’intervention par litre de lait.

En termes de débouchés, la France a comme objectif d’en ouvrir de nouveaux : premièrement en encourageant « des mesures de promotion » sur le marché intérieur (et favoriser la contractualisation) et ensuite, en développant le crédit à l’export.

 

Pourquoi ces mesures ne sont-elles pas suffisantes pour les agriculteurs ?

 

Ces mesures sont relativement proches de celles proposées par la FNSEA qui elle aussi, pointe le doigt sur l’embargo russe et sa responsabilité dans la perte de débouchés internationaux pour le porc français notamment (la FNSEA est aussi porteuse de l’idée de création d’un fonds pour les producteurs porcins, financé par la grande distribution principalement, mais ce dernier rencontre des difficultés de mise en oeuvre). Pour la FNSEA, il s’agit d’une crise de marché et les réponses conjoncturelles proposées par la France pourraient lui convenir si elles sont agrémentées entre autres, de plus d’instruments de régulation de l’offre au niveau européen. La FNSEA soutient le crédit à l’export et s’inscrit donc toujours, dans la logique d’une agriculture compétitive, ce qui n’est pas le cas de la Confédération paysanne.

Ce syndicat, qui défend des valeurs différentes de celles de la FNSEA, demande également plus d’instruments de régulation de l’offre. Mais au contraire de la FNSEA, il prône une réorientation vers des productions locales différenciées qui, elles ne sont pas en crise actuellement. Pour la Confédération Paysanne, une sortie du modèle productiviste doit être lancée et doit stopper la course à la productivité qui entraîne la production gros volumes et des prix toujours plus bas.

 

Et Bruxelles ?

 

Pendant son séjour à Paris, le Commissaire européen à l’agriculture et au développement rural, Phil Hogan a cherché à rassurer les agriculteurs français et a salué les mesures proposées par le Ministère de l’agriculture français.

La Commission européenne fera une réponse à ces propositions lors du prochain Conseil des Ministres du 14 mars. Elle demande actuellement aux Etats-membres de l’UE de faire remonter des idées pour limiter l’impact de la crise sur l’élevage, car en effet, cette crise n’est pas que française, mais aussi européenne. Le Parlement européen s’empare également du dossier, par la préparation d’un rapport sur la fluctuation des revenus agricoles, les outils de gestion des risques et la prise en compte de la volatilité des prix dans les négociations des accords de libre-échange, en cours.

 

 

Pour en savoir plus

L’émission « Intermarché, grande distribution, agriculteurs » du 20/02, on n’arrête pas l’éco – invité Thierry Cotillard

 

Lecole Pauline et Thoyer Sophie

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