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Mieux comprendre les conséquences de l’embargo russe

 

1. L’embargo russe, pour quelles raisons ?

Depuis le mois d’août, la Russie a déclaré un embargo d’un an sur un ensemble de produits en provenance de l’Union européenne, des Etats-Unis, de l’Australie, du Canada et de la Norvège. Cet embargo constitue une réponse aux sanctions occidentales à l’encontre de Moscou accusé de soutenir militairement les séparatistes pro-russes dans l’Est de l’Ukraine. Pour l’Union européenne, cet embargo concerne principalement les exportations de produits agricoles et agro-alimentaires.

2. Les producteurs européens et français sont-ils très affectés ?

Les restrictions mises en place par Moscou concernent environ 5% de l’ensemble des exportations agroalimentaires européennes, soit en valeur 5 milliards d’euros. Tous les secteurs ne sont cependant pas affectés de la même façon : ce sont principalement les fruits et légumes, le beurre et les fromages qui sont exposés à l’embargo car ils sont sont exportés respectivement pour 29%, 33%, et 28% vers la Russie. Le secteur de la viande, en particulier porcine, est aussi concerné mais dans des proportions moindres.

Les Etats les plus touchés potentiellement par l’embargo sont l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Ukraine. En France, l’embargo concerne 1/4 des exportations vers la Russie soit 250 millions d’euros. Il concerne principalement le secteur de la viande et la filière laitière.

Retrouvez l’analyse de la FAO: Russia’s restrictions on imports of agricultural and food products: An initial assessment ainsi que l’étude menée par la région Provence-Alpes-Côte d’Azur sur le coût de l’embargo russe.

3. Quelles mesures ont été prises ?

La Commission européenne (CE) a mis en place des mesures d’urgence afin de gérer les éventuels excédents qui, en ne trouvant plus leur place sur le marché russe, pourraient faire chuter les cours. Elle teste ainsi son dispositif de gestion de crises de la PAC, renforcé depuis la réforme de 2014:

Intervention sur les marchés pour éviter la chute des prix : les mesures ont d’abord concerné, pour un montant de 125 millions d’€, le secteur des fruits et légumes, produits périssables, avec  le financement de retraits ( paiement d’une partie de la récolte destinée à être détruite pour ne pas venir gonfler les quantités déjà mises en marché), de récolte en vert et de non récolte. La CE a également proposé de financer les distributions gratuites aux personnes les plus démunies. Fin août, les mesures ont été élargies, pour concerner le secteur laitier et le stockage sous forme de fromage, beurre, lait en poudre, le temps de trouver de nouvelles destinations d’exportation. A partir du 10 septembre, la Commission européenne a atteint les plafonds de financement prévus et a annoncé la clôture de ses  interventions sur les marchés de fruits et légumes (voir le communiqué de presse).

Faciliter la recherche de nouveaux débouchés : la Commission européenne prévoit de débloquer 60 millions d’euros pour la promotion pour de nouveaux marchés (cofinancées par 60 millions d’euros venant des Etats-membres, les organisations de producteurs ou des interprofessions).

Compensation ciblée pour certains secteurs et certains bénéficiaires : la CE propose que des petites et moyennes entreprises et exploitations agricoles dont la production était tournée principalement vers la Russie bénéficient d’un soutien ciblé grâce à une action conjointe entre les Etats-membres et la Commission européenne.

Voir le Discours de Dacian Ciolos présentant les mesures prises par la Commission européenne

 

4. Ces mesures sont-elles efficaces?

Il y a eu beaucoup d’inquiétude exprimée par les syndicats agricoles, parfois de manière exagérée au vu de la part des importations russes, finalement relativement modestes, dans les volumes totaux produits par l’UE. De plus, il semble que l’embargo russe ait pu être relativement facilement contourné par l’exportation des produits européens vers la Biélorussie ou le Kazakhstan, qui sont ensuite ré-étiquetés pour entrer en Russie (Voir article du Figaro).

L’embargo a aussi été l’occasion pour la Commission européenne de communiquer sur son nouveau dispositif d’urgence. On remarquera tout de même que la Commission comme les ministères de l’agriculture des Etats membres ont beaucoup plus insisté sur les distributions gratuites de fruits que sur la destruction des récoltes. La vérité est tout autre. Par exemple, en Languedoc-Roussillon, pour chaque kg de pêches ou nectarines donné sur les 3 derniers mois, ce sont 1000 kg dont la destruction a été cofinancée par l’UE. Même si le retrait est très impopulaire dans l’opinion publique, c’est une mesure beaucoup plus efficace et facile à mettre en oeuvre que le don aux associations caritatives qui nécessite lui tout une organisation logistique (moyens de transport, frigos) qu’elles n’ont pas. Enfin, cela a été aussi l’occasion pour certains pays d’encourager la consommation « patriotique ».

Sur ce dernier point, voir:

Pour contrer l’embargo russe, les Belges mangent des poires (extrait de France TV Info)

En Pologne, boire du cidre est devenu « un devoir patriotique » (Le Monde, 27/08/2014)

 

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